Ciel Nocturne

[Je peux ?....]

Insomniaque et fidèle à son poste, San s'assit sur son lit. Non, elle le savait, ce n'était même plus la peine d'essayer à présent, elle n'avait jamais aimé dormir, mais là, elle n'y arrivait vraiment plus. Troquant sa nuisette pour un pantalon et un corset noir lacé au devant, elle sortit de sa chambre. Comme toujours, ses pas étaient totalement silencieux, elle s'était toujours déplacée telle une Ombre, sans le moindre bruit, la moindre trace... La jeune femme se décida alors à entamer une petite visite nocturne de sa nouvelle Académie.

San marcha d'ailleurs un bon bout de temps dans les couloirs déserts et plongés dans une pénombre la plus complète, mais elle aimait ça, plus que tout. Les yeux bleus de la jeune femme s'étaient comme à leur habitude, déjà bien habitués à l'obscurité, elle pouvait alors parfaitement distinguer chaque recoin de chaque pièce. Sans savoir où elle allait, elle marchait d'un pas rapide dans les couloirs, franchissant chaque marche d'escalier avec une habileté impressionnante.

Alors qu'un silence ambiant régnait dans l'ensemble de l'Académie, San qui venait d'escalader une armée d'escalier, arriva enfin devant une porte, elle l'entrouvrit à peine. A l'intérieur, une étrange lumière orangée l'éblouit fortement, ses yeux se fermèrent d'un coup, puis elle les réouvrit doucement, à peine, histoire de s'habituer à cette lumière soudaine. Elle se glissa ensuite dans la pièce par la porte légèrement entrouverte, toujours sans un bruit, elle avança, ses pas silencieux et rapides la menèrent jusque derrière un fauteuil poussiéreux.

La jeune femme prit le temps d'observer un instant la pièce sans un mot, n'ayant même pas remarqué le jeune homme assis devant elle justement sur ce fauteuil qu'elle ne voyait que de dos. Pourtant elle sentait une présence. Etrange sensation. Elle admira un instant la beauté du ciel aussi noir que ses cheveux, piqué d'étoile, il était vraiment superbe. Elle ne bougea pas, la tête levée pour mieux détailler la majestueuse immensité qui se trouvait juste au dessus d'elle.

Dorgoth, lui repéra la jeune fille quelques instants après son arrivée. La détection des auras était devenu pour lui chose courante à présent...mais quel ne fut pas sa surprise quand il comprit que c'était un élu de l'ombre qui se tenait à quelques pas, derrière lui. Il se recula sur son siège, se retourna doucement et jeta un oeil derrière le fauteuil de cuir. Au début il ne vit rien, puis après quelques secondes il distingua, se découpant peu à peu dans l'obscurité une forme humaine plutôt sombre.
Il ne connaissait pas bien l'Ombre mais sans doute étais-ce une des caractéristiques de ses pratiquants de se fondre dans l'ombre.
Au fur et à mesure que ses yeux décelait d'autres informations il vit qu'il avait faire non pas à un mais à une élue. Il se leva, dans un grincement de la part du siège, et se mit face à l'étrange jeune fille.

"Salut! Euh, tu sais comment marche ce truc?"

Ce n'était pas une entrée en matière forcément très engageante mais il n'avait pas trouvé grand chose, et puis on ne savait jamais.

Dorgoth aussa un sourcil et il ressentit une pointe de vexation venir effriter la barrière de calme qui le séparait de la noirceur qu'il cachait depuis bientôt un mois. Plus le temps venait plus les gens l'évitaient. Même ses amis commençaient à être distants maintenant. Ils étaient peut-être jaloux, jaloux du pouvoir qu'il était en train d'acquérir grâce à Bhaal son double démoniaque. Il tendit la main vers la porte et une colonne de cendres en sortit pour se diriger vers le lourd battant de bois et, telle une main éthérée repousser la porte qui se ferma dans un claquement qui se répercuta dans tout la salle.
Dorgoth resta un instant la main tendue, surpris par ce qu'il venait de faire. Il s'était montré totalement impoli. Il prit la main avec qui il avait lançé le sort, comme si c'etait elle qui était responsable de l'acte qu'il venait de comettre.

"Je...je suis..."

Dorgoth s'arrêta. Il ne pouvait rien lui dire. Mais s'il ne faisait rien la jeune fille allait prendre peur.

"Je veut dire, tu ne me dérange pas du tout"