Les Ange de Tara./Prologue.

Voilà un petit extrait du bouquin dont Dark et moi avions parlé...

C'est qu'un premier jet et les fautes ne sont pas toutes corrigées...

Bonne Lecture !!^^

Citation :

Les Chroniques du Peuple.
Tome 1 : Les Ange de Tara.
Prologue -Année 1537


«- Au bûcher !! A mort, le fils du diable ! A mort ! »
Athraël courait. A cette heure de la journée, où un soleil écrasait tout Paris, les ruelles étaient désertes. Enfin, presque, si l’on comptait la vingtaine de citadins à ses trousses. Il poussa un soupir fatigué. C’est la deuxième poursuite aujourd’hui. Depuis le temps, il est habitué à toutes ces idioties, à la haine des gens, et -surtout- au Père Mathias. Car c’était lui, à une vingtaine de mètre derrière, qui criait le plus fort en tête du petit groupe, brandissant pompeusement un crucifix, les yeux étincelant de rage et de démence –assez paradoxal pour un prêtre, pensa le jeune poursuivi. Mais l’heure n’était ni à la religion ni à la réflexion, l’heure était à la fuite. Si Athraël était attrapé, le chemin de sa brève vie s’achèverait sur un bûcher. Dans la société Moyenâgeuse actuelle, pour échapper à la voracité des flammes catholiques, deux critères étaient presque essentiels : l’apparence et les origines. Manque de chance, le jeune Parisien présentait une « anomalie » dans les deux domaines Athraël était un garçon très étonnant, assez grand pour son âge, la silhouette élancée, gracieux et athlétique. Au fil des années passées dans des conditions de plus en plus dures, il avait acquis un corps nerveux et rapide à la détente ainsi que des reflex aiguisés. Ces mêmes années lui avaient enseigné aussi le délicat art de survivre dans toutes les situations, même les plus précaires en ces temps sombres de guerres ducales. Bref un esprit méfiant et totalement dépourvu de candeur.
C’était le visage d’Athraël qui lui valait ce surnom de « fils du diable ». Un joli visage aux traits fins, presque féminins, auréolé de cheveux raides d’un noir de jais, tombant en courtes mèches désordonnées sur son front. Des joues un peu creuses encadrent un nez droit, légèrement relevé et des lèvres sèches par la chaleur de cet été prématuré. Jusqu’ici, Athraël est une personne on ne peu plus normale. Mais son « anomalie physique » vient de ses yeux. Des yeux qui lui donnent un regard désabusé, étrange, et-il doit bien l’avouer qui fait froid dans le dos. Des yeux…Blancs. Entièrement blancs, dénués de pupille. Insupportable pour certain, démoniaque pour quelques-uns, gênant pour le plus grand nombre, et beau pour les plus rares, les avis divergeaient mais s’entendaient sur un point : le jeune Athraël n’était pas « normal ». Et pour l’Eglise catholique actuelle ce qui n’est pas normal devait impérativement disparaître dans de très jolis tas de bois enflammés érigés spécialement à cet usage. Charmant…
Les yeux d’ Athraël étaient une des raisons pour lesquelles il se trouvait là, courant, sous le soleil de plomb, en tentant de semer ses poursuivants.
« -Fils du Diable ! A mort !! Au bûcher ! »
Et en plus, ils s’accrochaient, les bougres… Un rien peu motiver quelques hommes d’Eglise lorsqu’ils sont convaincus d’agir pour la gloire de leur dieu. Ah si seulement ils se fatiguaient ?? Le choc sourd d’une pierre et la douleur irradiant rapidement de son épaule droite assura Athraël de l’idiotie de sa supposition.
La deuxième raison était un peu plus complexe, et concernait ses origines.

Enfin, son nom : - car de ses origines, personne n’en savait rien, y compris lui-même : le garçon était un orphelin recueilli, et l’on connaissait juste son nom. Athraël. Athraël Ezeckiel. Difficile de faire plus juif comme appellation. Or, en cet an de grâce 1537, les ghettoïsations des adeptes de Yahvé sont de plus en plus importantes. Ce qui encourage le Père Mathias, curé de son état, à le courser dès qu’il l’aperçoit, en hurlant des insanités et exhortant la foule à l’imiter. Un bon catholique, en somme, songea Athraël. Le seul problème, c’était que le jeune Athraël Ezekiel était athée. Mais la simple idée d’essayer d’en convaincre le Père Mathias était saugrenue. Totalement inconcevable même…
L’écart qui séparait Athraël des poursuivant fous furieux se réduisait a vue d’œil. Le garçon courait vite mais il perdait du terrain. Et cette fois il n’avait aucune chance de semer les « fous de Dieu » dans la foule. Pour la simple et bonne raison qu’il n’avait, pour l’instant, pas croiser âme qui vive dans les ruelles de la grande ville. Athraël ne pouvais donc compté que sur ces jambes, son agilité et sa connaissance des artères, racourcis et autres échappatoires du secteur. Le jeune voleur avisa d’un coup d’œil bref un carrefour qui proposait deux directions à gauche, ou bien tout droit. Ses poursuivants étaient presque sur lui, il hésita un moment, puis bifurqua brusquement à gauche, estimant, après avoir entendus le sifflement d’une pierre à son oreille, que c’était une sage décision. Surpris par ce changement rapide et inattendu, emportés par leur élan, ne purent réagir, se contentant de suivre la silhouette d’Athraël de leurs yeux ronds d’étonnement. Enfin si, il réagirent. Mais d’une manière surprenante et peu adapté à la situation. Certain crurent possible d’être aussi rapide que leur proie, beaucoup voulurent s’arrêter immédiatement, et quelques-uns continuèrent à courir, contemplant le fuyard qui leur échappait. Et ce qui devait arriver arriva. Dans un concert de jurons et en moins de temps qu’il faut pour dire « ouf », la vingtaine d’homme et de femmes vociférants se percutèrent et tombèrent les uns sur les autres dans un désordre inscriptible. Dans l’avenue déserte, les cris et le tintamarre causés par cette chute collective font l’effet d’un coup de canon. Bien qu’il se fût déjà éloigné de plus d’une centaine de mètre, Athraël se retourne, et son rire s’élève dans les aires clair et coulant comme de l’eau de source. Ses yeux blancs pétillent de malice, et de soulagement, aussi, il faut se l’avouer. Le soulagement d’être en vie qui coulait doucement dans ces veine, chaud et rassérénant, le plongeant dans la douce euphorie qui suit le danger. Athraël savait qu’il était tiré d’affaire et son rire ne décroissait pas. La vision de ce tas humain informe, d’où émergeaient quelques membres remuant pathétiquement en tout sens était proprement hilarante. Attirés par tous ces bruits, les résidents proches ouvrirent leur persienne et firent sauter le loquet de leurs portes. Une multitude de visages apparurent dans l’entrebâillement des fenêtres et sur le pas des maisons. Les regard incrédules ou curieux - au choix – furent vite remplacés par une hilarité contenue qui ne le resta pas longtemps, tant le rire d’Athraël était communicatif.
Emergeant avec effort, coups et imprécation, de la mêlée commune le rondouillard Père Mathias dressa un poing vengeur en direction, avant de trébucher sur une jambe dépassant du « tas ». Les rires redoublèrent tandis que le curé se relevait. Sa voix, rauque et emplie de haine, parvint aux oreilles d’Athraël, couvrant le vacarme de la rue :
«-Tu peux rire, Démon !! Tôt ou tard la colère divine s’abattra sur toi !!
-Peut-être bien, mais à condition que votre Seigneur soit servi pas des personnes un peu plus capable, mon Père ! »
Et sur un dernier éclat de rire, il disparut.

Tel est le quotidien d’Athraël Ezeckiel, neuf ans et voleur de son état.

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