Automne arrive

Le grondement de l'eau tombant de l'immense cascade couvrait chaque bruit alentour. Cet éternel renouvellement était merveilleux pour ceux qui savaient le regarder. Mais la plupart de gens n'y voyait qu'un banal paysage, assez joli mais sans plus...Ces gens étaient aveugles, ne voyaient qu’eux, toujours eux, les autres pouvaient mourir à leur pied .
Si il y avait une chose que les nippons apprenait dès leur plus tendre enfance, c’est qu’ils n’étaient rien ne comparaison de toutes les autres choses. Leurs avis ne comptaient pas, ils devaient respecter ceux qui étaient meilleurs qu’eux, c’est à dire à peu près tout le monde. Et si il y avait des gens en dessous, il devaient être traités pour ce qu’ils étaient, c’est à dire des moins que rien…Les nippons avaient donc un regard respectueux et émerveillé envers toute chose de la nature.
Funuki marchait le long d'un chemin menant à la cascade, ses cheveux continuellement agités par un vent frais et doux, qui cependant annonçait déjà l'hiver qui approchait. Elle regardait les feuilles des arbres se teinter de couleurs chaudes. Le ballet des feuilles mortes dans la brise la ravissait.
Elle arriva alors près de la cascade, et, silencieusement, elle s’assit près de l’onde claire. Quelques feuilles emportées par le vent flottaient et ridaient l’eau, semblable à un miroir qui reflèterait le ciel morne et la jeune nippone, dont le regard semblait questionner son reflet…

Le cadre était vraiment paradisique. Fin de l'automne, fraîcheur de la température qui descendait un peu plus chaque jour, l'eau qui restait toujours claire, vive et d'une limpidité sans pareille, le léger bourdonnement de la cascade qui se fracassait littéralement contre le lac en contrebas. Et surtout, la nature... Tout petit, Zélos avait aimé la nature. Dans son Irlande natale (bien que cela soit très voyant qu'il ne soit pas Irlandais de souche.), il avait très tôt appris à apprécier à sa juste valeur tout ce que la nature lui offrait... De multiples souvenirs, joyeux ou bien plus tristes, s'imposèrent à son esprit. Les grandes ballades dans les landes avec les autres enfants de l'orphelinat, les immenses plaines irlandaises, où souffle un vent qui semble ne jamais s'arrêter, ces immenses plaines verts et ondoyantes, brisées de temps en temps par telle ou telle falaise, abrupte rupture verticale tombant à pic dans la mer. Mais aussi cette fugue de l'orphelinat, une nuit en plein hiver avec ses amis, pour tenter d'appercevoir, ne serait-ce qu'un instant, le lever de soleil magnifique, ailleurs qu'à travers leur fenêtre. La nuit à la belle étoile qui avait suivie la fugue, serrés les une contre les autres et gelés jusqu'aux os, se partageant bravement les couvertures volées à la réserve...

Plein, plein, plein... d'autres souvenirs. Gais ou tristes, nostalgiques ou enthousiastes...

Pour le moment, le jeune homme marchait sur le petit sentier de terre battue, sûrement par les pieds de générations et générations d'Elus, la foulée tranquille et souple, les yeux tantôt dans le ciel, tantôt sur terre, s'émerveillant de tout ce qu'il voyait, de tout ce qu'il percevait aussi. Un endroit magique. Oui, Tara était vraiment... magique... Il n'y avait pas d'autre mot. De grandes feuilles dans les tons rouges, ocres et jaune, déshabillant un vieux chêne, s'envolèrent doucement dans la fraîche brise, qui soulevait aussi les longues et souples mèches de cheveux blonds de Zélos, les lui collant au visage ou les faisant voler dans son sillage.

Quand il arriva, aubout d'une marche enchanteresse, au terminus du petit chemin, c'est à dire la cascade, une envire quasi-irrésistible prit Zélos. Sans prendre le temps de se poser des questions, de se demander s'il ne faisait pas trop froid, si l'eau n'alait pas lui donner une jolie pneumonie, le jeune homme ôta son gilet en coton et son tee-shirt noir à manches longues (mais garda son jean), dévoilant un corps svelte mais assez endurci par les longs entraînements de karaté Banryû-Kaikan, et se plaça le plus près possible du gouffre qui paraissait sans fin et dans lequel disparaissait les tonnes d'eau de la chute. Zélos, qui n'avait jamais été véritablement sujet au vertige, se pencha sans problème au-dessus du vide impressionnant (de plus de cinq centaines de mètres) et lâcha un sourire fin et énigmatique. Une lueur d'excitation brilla dans ses yeux teinte or. Une expérience unique... De plus, la poisse semblait l'avoir quitté, pour aujourd'hui en tout cas. Alors, se plaçant dos à la cascade, torse nu et bien droit, toujours ce sourire aux lèvres, il se laissa doucement tomber en arrière, les paupières scellées.

Sa vitesse de chute augmenta très très vite. Toujours droit, la tête en bas, les bras le long du corps et le visage fouetté par les gouttes d'eau, Zélos se laissa porter par l'ivresse de la chute. Toujours plus vite. Malheureusement, sa vitesse de chute étant très élevée, la vertigineuse descente ne dura pas aussi longtemps que prévu, et s'acheva rapidement. Au tout dernier moment, à l'instant où il allait percuter l'eau, Zélos ouvrit les yeux. Aussitôt, ses ailes légèrement bleutées et soyeuses, répondant docilement à son incitation (ce qui ne l'étonna que très légèrement sur le coup... Il devait être dans un bon jour) se déployèrent dans son dos. Le jeune homme effectua une vrille sur lui-même en donnant un battement d'aile en même temps, ce qui eut pour effet de redresser sa course et de l'empêcher de se fracasser sur la surface liquide. Il en résulta un léger vol très rapide en rase-mottes, ce qui souleva sur le passage de Zélos de grande vagues, comme un mur de verre derrière lui, fragiles parois liquides qui retombèrent d'elles-même presque sans un bruit. Le jeune Elu, lui stoppa sa course et s'éleva légèrement de quelques centimètres au-dessus de l'eau. Puis, il fut pris d'un rire soudain, qui s'imposa à lui et qu'il ne put réprimer. Finalement, cette manifestation de joie s'estompa

" - Ca faisait longtemps que je n'avais pas été aussi heureux... Ah, ça fait du bien d'être seul, de temps à autres...

Eh voui, le pauvre se parle tout seul...


[dsl, des fois, ça me prend, des messages come ça... Bonne lecture! ^^]