Une après midi du tonnerre

Etrangement, le regard heureux de Vect lui était très dur à supporter, et elle se demandait sans arrêt comment un homme comme lui pouvait s'interesser à une pauvre fille comme elle. Alors qu'elle était en train de faire un rapide calcul approximatif du nombre de fille 30 fois mieu qu'elle sur terre, elle entendit Vect parler, doucement et calmement, comme chacun de ses gestes et de ses actes. "Je ferai n'importe quoi pour toi" encore une phrase qu'elle n'avait jamais entendue et qui la ramenna directement la veille au soir, lorsqu'il lui avait dit qu'il l'aimait. Qu'il l'aimait ! San avait l'impression de réaliser seulement maintenant l'importance des paroles qui lui avaient été adressés. Et ce baiser n'était sûrement pas une erreur pour lui. Elle se mit à frissonner, de tout, se souvenant de la douceur de ses lèvres, de rien, et du ciel qui s'assombrissait, soudain elle avait froid. Froid au coeur. Il passa une main dans ses cheveux, ce simple geste délicat qui lui donnait en plus de la question qu'il venait de lui poser, une envie incontrolable de se jetter sur lui et de passer la nuit à savourer ses lèvres qui lui manquait affreusement. Les yeux azurs de San plantés dans ceux de Vect, elle remarqua que son regard brillait, comme elle ne l'avait jamais vu.

-Vect... Tu sais comme moi que c'est impossible que tu sois heureux. Pas si tu es dans mon coeur... Tous ces mots, ces gestes, cette douceur, je mérite pas ça, je suis pas habituée. Je préfère pas imaginer le nombre de fille qui aimerait être à ma place.. Je crois que tu t'en rends pas compte. Pouquoi moi alors que tu sais qu'il y a toutes les chances que je te fasse souffir ? Je préfère me noyer seule que de couler l'homme qui est en train d'essayer de me sauver...

Elle avait essayer de parler d'un ton calme et neutre, mais ce qu'elle ressentait en ce moment prennait parfois le dessus. L'envie qu'elle avait d'ailleurs de sentir sa chaleur, qu'elle soit de son corps ou de ses lèvres commençait à devenir un peu trop forte à son goût. Il ne lui restait pas 36 solutions.

-Je... Je vais bientôt rentrer je.. suis fatiguée..

Tu parles ! Elle n'avait jamais sû mentir et puis elle n'était même pas sûre qu'elle était capable de dormir cette nuit, mais il fallait qu'elle parte. Elle s'approcha alors de lui pour lui planté un baiser sur la joue.

Vect restait le regard perdu, emplit d'un bonheur éphémère. A chaque mot, à chaque soupir, à chaque mouvement de celle qu'il aimait son coeur fut frappé d'autant de coups assommants. Une douleur de plus en plus forte lui lacéra la poitrine, le ramenant à la dure réalité des paroles prononcées. Elle avait finit et lui était perdu, il ne savait que faire, il avait peur d'une peur qui prend à la gorge et qui étouffe. Ces mots tous ces mots l'avaient fait chavirer, du bonheur presque parfait il avait sombré dans le néant, la douleur, la solitude dans les ténèbres. Il cherchait ses mots, il aurait voulu répondre quelque chose, lui demander de ne pas partir, lui demander de réfléchir... mais à quoi bon? Elle semblait si troublé elle-même qu'il ne pouvait réfléchir. Il se reprit, calmement, mais il n'arrivait plus à sourire, la vie venait de perdre tout son charme. Ce baiser qu'elle déposa sur sa joue finit de l'achever et de planter un poignard dans son coeur. Il se releva, tant bien que mal, essayant de cacher sa douleur, tout ce qu'il ressentait et dit d'une voix neutre.

"Tu... Tu veux que je te ramène?"

Ces mots, avaient été durs à prononcer. Pourquoi quand on trouve un remède à sa maladie, quand on retrouve un sens à sa vie, quand tout semble réalisable et que rien ne peut aller mal... Pourquoi, pourquoi c'est là que tout va mal? Toutes ces questions le tuaient, il aurait même aimé se jeter de cette montagne pour que tout s'arrête, la douleur, les questions, la torture, tout. Mais il savait que ce n'était pas une solution et que ça ne ferait qu'augmenter la peine autour de lui. Il resta alors debout à attendre une réponse, une réponse que peut-être il n'aurait pas aimé entendre car dans les deux cas ça serait douloureux. La porter tout en sachant que ça n'arriverait jamais plus, la laisser en craquant sur le chemin du retour seul et perdu.

San s'était rendu compte beaucoup trop tard que ce qu'elle lui avait dit ne l'aiderait pas et que ces paroles le rendrait seulement malheureux. Elle se préparait quand même à partir, lâchement, elle en avait marre de fuir, mais cette fois-ci il le fallait. Il lui posa une question. San se sentait définitivement mal, mais elle s'en fichait, c'était Vect qui comptait pour elle, lui et seulement lui. Elle n'osa pas imaginer ce qu'il devait ressentir, elle ferma les yeux, un court instant, essayant de dénouer sa gorge pour lui parler doucement :

-Non... Merci, te déranges pas.

Elle se tourna vers lui, essayant de lui sourire. La jeune Elue se demanda si elle était réellement capable de partir comme cela. Elle baissa les yeux un instant, le regard de Vect sur le sien était absolument terrible pour elle. Elle avança lentement vers lui, entrouvant la bouche pour pouvoir lui parler, mais elle se dit qu'elle n'y arriverais pas. San s'avança encore puis elle se serra contre lui, l'enlaçant de ses bras. D'une voix plus douce que jamais, elle lui murmura, sans pouvoir masquer son émotion :

-Vect... Tu sais que tu comptes pour moi... comme aucun homme n'a jamais autant compté... J'ai confiance en toi comme je n'ai jamais eut confiance en quelqu'un. Je... Je veux pas te perdre... Je veux pas te voir souffrir.. Je veux que tu passes ta main dans mes cheveux et que tu me serre contre toi comme tu le fais si bien.. .. J'ai besoin de toi Vect, me laisse.. pas... surtout, ne me laisse pas...

On pouvait sentir sans aucune difficultés la défillance dans sa voix à la fin de ses paroles. Décidement, cet homme, celui qui lui avait redonner le sourire, son Ange gardien, son ami, son confident, son sauveur, juste un homme, un seul, arrivait à la rendre troublée à ce point et complètement dingue. Elle le trouvait fort, très fort...

Vect essayait de se faire à cette idée mais il n'y arrivait pas, en fait il ne le voulait pas mais il le devait. Devant la réponse de San il s'apprêta à partir mais lorsqu'il allait déployer ses ailes, lorsqu'il allait s'envoler et partir il ne le fit pas, il attendit, il aurait préféré partir après en fait, ce paysage l'aurait peut-être consolé. Mais il n'en eut pas besoin... San le serrait contre elle, il était à la fois surpris et heureux. Ses paroles, ses mots... tout comme ceux d'avant avaient lacérés sont coeur, ceux-ci le réchauffait et le rendait plus fort. La joie et le bonheur l'envahirent, il déposa ses bras dans son dos, la serrant doucement contre lui, sa voix trahie par ses émotions il parla, passant une main dans ses cheveux et déposant un baiser sur son front.

"San... Jamais oh non jamais je ne te laisserai tomber. Je resterai près de toi pour toujours et à jamais, je ferai tout ce que tu me demanderas. Je n'ai jamais autant aimé quelqu'un que je ne t'aime toi. San... je ne veux plus... te quitter..."

Il déposa sa tête contre son épaule. Cet instant là serait à jamais gravé dans sa mémoire et San serait à jamais dans son coeur. Maintenant il se sentait revivre, sa vie avait maintenant un sens nouveau et qui le rendait heureux, si heureux...

"Pour toujours et à jamais... Je serai là."

San fut heureuse que Vect la serre doucement contre lui, c'est vrai, il aurait très bien put la rejetter en lui disant qu'il fallait savoir ce qu'elle voulait et qu'elle faisait nimporte quoi. Elle en était consciente, mais Vect n'était pas comme cela.. Ils étaient d'ailleurs très différent tous les deux et pourtant, il y avait quelque chose de fort. Il passa une main dans ses cheveux, elle sourit, fermant doucement ses paupières. Il lui déposa un baiser sur le front, lui parlant, aussi troublé qu'elle. Elle croyait qu'elle rêvait, mais pourtant elle sentait très bien Vect contre elle et elle savait que ce qu'elle venait d'entendre, elle ne l'oublierait jamais. Plutôt crever que de partir d'ici et de ne plus jamais le voir, cete fois-ci elle ne pourrait vraiment pas.

-Merci...

Elle se détacha tout doucement de Vect puis elle le regarda dans les yeux, le regard intense, elle laissa encore une fois sa main glisser le long du bras du jeune homme pour prendre sa main, puis elle commença à reculer doucement, sans détourner son regard jusqu'à ce qu'elle se retourne. Elle ferma ses yeux, murmurant inaudiblement sa Clef de l'Esprit pour que ses Ailes sortent doucement et se déploient. Elle sentit le regard de Vect sur elle, mais elle ne se retourna pas, attendant quelques secondes avant de brasser doucement l'air et de s'envoler en direction de la plage pour récuperer rapidement ses afaires et rentrer ensuite à l'Académie. Elle ne se doutait pas que le lendemain elle ne reverrait pas Vect, et qu'elle le verrait seulement plusieurs jours plus tard, sur Shima Andoru, dans des conditions étranges...

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