La nuit accompagne l'inspiration... QUELLE CONNERIE!!!!

Taipan venait de trouver son bonheur. La Mansarde des Mélodies... La Salle était énorme en hauteur. de longues et gracieuses colonnes de marbre finement sculptées s'élançant vers le plafond, qui semblait inaccessible, tant la salle était haute. Ce plafond était constitué d'une haute et majestueuse coupole de verre, que Taipan identifia comme être du verre minéral...

La pièce baignait dans une multitude de couleurs différentes, qui se réfléchissaient dans les nombreux instruments de musique. La musique était le seul domaine où Taipan excellait. IL savait jouer d'à peu près une vingtaine d'instruments les yeux fermés, et d'à peu près tous les autres les yeux ouverts... Non non, ce n’est plus Taipan qui parle, mais bien son ego assez démesuré dans le domaine musical. C’est sûr que forcément, on a beau être désintéressé, quand on vous répète à longueur de temps que vous êtes un génie, au bout d’un moment, vous finissez bien par y croire un petit peu. Un gros peu, oui !!!! Bon, passons.

D'ailleurs, le jeune Elu la regardait tellement, la fameuse lumière lunaire, qu'il ne vit pas que le sol de marbre était parfaitement ciré. Il lui fallut à peu près trois mètres de glissade in contrôlée pour reprendre un équilibre précaire, juste devant la batterie.

En faisant attention où il allait cette fois-ci, Taipan se dirigea vers le piano à queue Steinway... Magnifique... Il avait beau eu mener une vie de château avec ses parents adoptifs, il n’avait jamais même rêvé d’un tel instrument. Avec une sorte d’admiration respectueuse, il alla fermer la porte et s’avança vers le piano. Taipan s’assit au piano et appuya sur une touche. La note qui s’éleva dans les hauteurs de la Mansarde était d’une pureté incomparable. Le jeune pianiste esquissa un de ses rares et précieux sourires et savoura encore longtemps la résonance diffuse et lointaine que la note de musique laissait traîner dans les airs. Puis, il se mit à marteler quelques accords, pour s’amuser, et frappant comme un bourrin sur les touches. Puis, s’étant calmé, il commença à jouer en appuyant un peu moins fort sur les touches. Il s'amusa quelques temps à jouer quelques morceaux sur le piano, puis se leva et se dirigea vers l'autre estrade. Une guitare trônait dessus, déjà branchée. L'ampli, un beau Peavey, était encore allumé. Ahlala, ces jeunes qui ne respectaient plus le matériel. La guitare, elle, était une simple Gibson Les Pauls Standart Signature... Cheeeeeeeeeeeeeeeeeeeer! Il la saisit avec un sourire en coin et régla son son (XD). Il gratta un petit bout de temps pour s'éclater, puis commença à jouer tout seul ,en se concentrant intensivement. Il ne jouait que des arpèges simples en son clair. Sous l'emprise de la magie qu'il créait en jouant négligemment, les baguettes de la batterie se soulevèrent de la caisse claire où elles reposaient et se mirent à jouer toutes seules. C’était d’ailleurs le seul sort de magie que Taipan maîtrisait. Il n’était pas vraiment mauvais, mais… pas vraiment bon non plus, quoi, en ce qui concernait la magie. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, il n’y avait qu’en musique qu’il n’était pas totalement nul. Bah, c’était la vie…

Puis, les baguettes se suspendirent dans les airs. Ce n'était qu'un essai, mais Taipan était assez content de lui. Il commença donc à jouer pour de bon, commençant par quelques notes au piano, accompagnant son morceau d'une voix rauque mais aïgue. On ne pouvait pas vraiment dire que Taipan chantait bien, mais il savait parfaitement contrôler sa voix et la changer de sonorité. Cette voix rauque n'était pas naturelle.

Il chantait simplement, sans fioritures, les yeux souvent à demi-fermés et cachés derrière un rideaux de mèches brunes qui lui retombaient sur le visage, et un sourire flottant sur ses lèvres. Puis, en se concentrant, les baguettes se remirent à bouger et à jouer toutes seules, portées par un courant d'air ténu. Plus la chanson avançait et plus il s'imprégnait de la musique, la vivait totalement, sous l'emprise. Le morceau était rapide mais assez soft, et il se déchapinait dessus, seul dans l'immense salle, dont l'accoustique parfaite lui assurait la voix sans même de micro.

Heureusement qu’il avait fermé la porte, à trois heures du matin…

Des bruits de pas légers se firent entendre au détour d'un couloir proche, n'arrivant toutefois pas à briser le silence religieux qui trônait dans l'académie à une telle heure de la nuit. De plus, la résonance de ceux-ci n'étaient que des sons imperceptibles, se mêlant volontairement à ceux qu'émanait la nature, à l'extérieur. Finalement, dans ce détour, une silhouette apparue, fine, et au fur et à mesure qu'elle marchait dans pénombre, un rayon lunimeux descendant droit de l'astre lunaire vint éclairer son visage, un visage d'une pâleur maladive qui mettait en valeur des yeux d'un gris profond rivés vers le sol. Egalement encadré de longs cheveux roux clairs détachés, la jeune femme qui marchait n'était autre que Sakura qui, une fois de plus, n'avait pas essayé de trouver le sommeil puisqu'elle savait qu'elle allait être assaillie de cauchemards. Non pas des cauchemards, mais des souvenirs, qui se ravivaient en elle par bribes imprécises.

Enfin bref, la jeune amnésique filait droit dans les couloirs de Tara, ne regardant pas même où elle mettait les pieds, semblant parfaitement en harmonie avec ses songes les plus profondes qui voguaient lentement dans son esprit mal éveillé. Alors elle finit par perçevoir du bruit, après quelques minutes passées à errer dans ces lieux. Des sons qui lui rappellaient bien de la musique, forte, et limite sauvage. Intriguée, la jeune adolescente continua son avançée, se demandant ce qu'elle trouverait au bout de son chemin, et ayant étrangement accentuée la vitesse de sa marche, elle semblait avoir brisé cette harmonie qui était si présente dans sa tête quelques secondes auparavant. Et finalement, Sakura s'arrêta devant une porte close, d'où le son s'échappait tout de même. Elle se concentra alors sur la musique. Soit il y avait un groupe de personnes, dans cette pièce, soit il y avait quelque chose d'allumé, produisant cette musique qu'elle affectionnait particulièrement, mais cette dernière idée ne lui paraissait pas cohérente.

Alors elle opta pour la première. Un sourire s'étendit sur ses lèvres, tandis qu'elle approchait son oreille de la porte afin de profiter de cette musique, qui semblait la détendre d'une autre manière que la pensée. Au bout de quelques secondes, la jeune femme décida de poser une de ses mains blêmes sur la poignée, afin d'ouvrir la porte avec une telle douceur qu'aucun son ne vint entre-couper le jeune homme qui, à sa grande surprise, se retrouvait seul à jouer nombre d'instruments très bien maîtrisés...La lumière pâle de la lune n'arrivait pas à éclairer Sakura, de sorte qu'elle puisse ainsi rester dans le pénombre pour ne pas se faire remarquer. Cependant, lorsqu'elle referma par mégarde la porte dans un léger claquement qui la fit elle même sursauter, elle afficha un sourire d'excuse, pensant l'avoir déranger dans ce qu'elle considérait un exploit. Non, elle n'avait jamais vu quelquer chanter quelque chose, en faisant de plusieurs instruments à la fois, ce qu'elle considérait comme impossible jusqu'à cette nuit-là. Sakura rougit, ses joues pâles prenant une teinte rosée, puisqu'elle se sentait terriblement gênée d'être ainsi rentrée alors qu'elle n'en avait aucune intention quelques instants auparavants. Mais d'un côté, elle semblait découvrir la Mansarde des Mélodies, et cette simple idée ne fit que la ravir, tandis qu'elle fixait du regard le jeune homme qui lui était inconnu, sans parler, pour ne pas le déranger d'avantage...

Quand la musique s'emballa et que le piano se tut, le jeune homme se concentra uniquement sur sa guitare et sa chanson, s'imprégnant à fond de son morceau, rapide et précis. Il ne se préoccupait plus que distraitement des baguettes de la batterie, animées par des courants d'air précis. Taipan commençait à reprendre petit à petit ses habitudes de concert, quand il n'était pas encore un Elu. Penché sur sa guitare, il se démenait complètement sur l'estrade et sur sa gratt', en chantant son texte av ec un sourire éclatant. Puis, complètement emporté dans son élan musical, il se concentra, et la guitare basse se souleva avec effort de son trépied, et les courants d'air magiques de Taipan en firent vibrer les cordes, apportant une profondeur de plus au morceau de musique.
Pendant le pont musical (le passage plus calme aux3/4), se croyant seul, il se lâcha complètement; brandissant son poing en l'air et le visage tourné vers les cieux, tout en improvisant un ,petit solo de guitare, et criant les phrases de cette chanson qu'il avait composé lui-même, il y a 2 ans. Il acheva son morceau sur une dernière note qu'il tint très longtemps, jusqu'à s'en casser le voix, penché sur sa guitare, en souriant toujours. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas amusé autant. D'accords, pendant quelques minutes, il se "l'était joué à 300 à l'heure", comme diraient quelques-uns... Mais bon, heureusement qu'il était seul. Tient, en parlant d'être seul, il sentait une présence étrangère près de lui. Pourtant, lui excepté, la Mansarde des Mélodies était totalement déserte. IL ne pouvait pas discerner absolument tous les coins sombres de l'immense salle. Il se risqua enfin à lançer un léger :

" - Y'a quelqu'un???

OUhla... Si quelqu'un l'avait remarqué. Bah, après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire? Pas grand chose...

Sakura s'était adossée sur la porte, s'enfonçant un peu plus dans les ténèbres afin que l'on ne puisse pas la voir. Elle avait croisé les bras, le visage fendu d'un petit sourire lorsqu'elle vit ce jeune homme qui semblait s'amuser comme un fou sur sa scène improvisée. La jeune amnésique l'écoutait, puis se rendit compte qu'elle n'avait peut être rien à faire, car après tout il voulait sûrement être seul avec ses instruments, bien que le spectacle (qui était involontairement un spectacle, certes) était assez étonnant, voire même impressionnant, et la jeune adolescente ne pouvait se résoudre à partir et regretter plus tard de ne pas y avoir assisté d'avantage. Alors elle resta ainsi, appuyée contre la porte en essayant de ne pas glisser, puisqu'elle était terriblement maladroite et qu'une erreur pouvait se glisser dans le moindre de ses mouvements.

Alors elle le regarda se déchainer avec sa musique que Sakura semblait adorer, les instruments bougeant avec la seule maîtrise de l'air, et le son se transportant dans tout les recoins de la pièce, ne disparaissant qu'emporter par les gestes du jeune homme. Finalement, il sembla terminer cette chanson avec entrain, ne se doutant probablement pas que quelqu'un se trouvait là, non loin de lui, et qui le regardait avec un sourire accroché aux lèvres, embellissant ainsi un visage d'une pâleur maladive. Alors la jeune amnésique entendit sa voix se porter autrement que dans une parole de chanson, et elle se décida à avançer lentement pour se faire éclairer par un faisceau lumineux tout droit venu de l'astre solaire, et bien sûr elle gardait son sourire en coin.

"Oui, il y a moi."

Fit-elle alors, sans même le saluer, ni même de s'excuser d'avoir dérangé. Non, elle souriait ironiquement, comme à son habitude.

Taipan tourna vivement la tête vers la provenance du bruit. Le silhouette d' une jeune fille, d'une pâleur incroyable, se dessinait dans un rayon de lumière lunaire, teintant ses cheveux d'argent, et éclaircissant sa peau diaphane. Cette vision bouleversa beaucoup Taipan, qui ne pouvait détacher ses yeux de la blafarde apparition. Il la dévisagea longuement. Elle, le regardait d'un air amusé, avec un petit sourire ironique. Puis, sans laisser transparaître aucune émotion sur son visage, il répondit tranquillement :

" - Ah...

Il y eut un petit moment de silence dans lequel il se contenta de la dévisager, le visage toujours impassible, mais un visage qui n'était pas le reflet de son âme en ce moment.

" - Ca te dérange, si je continue?

Sans même attendre de réponse, il reposa sa Gibson Les Pauls, et saisit une guitare électro-accoustique qui traînait, puis, après une courte réflexion, il reprit sa guitare électrique. Nonchalamment, en évitant de croiser le regard de la jeune inconnue, il tira un tabouret et un micro qui n'étaient pas très loin et s'assit. Après une intro simple et courte, il accompagna la mélodie d'une voix qui n'était vraiment plus celle de tout à l'heure. La musique en elle-même avait aussi changé... Plus douce, plus caressante. Ce n'était pas une chanson connue. Pour dire la vérité, ce n'était qu'une grille d'accords que taipan avait écrite il y a peu, et il profitait d'une inspiration subite pour en inventer les paroles, qu'il chantait directement d'une voix douce et plus basse. Puis, comme il y a quelques minutes, la guitare basse se souleva dans les airs et se mit à jouer toute seule, tout comme les baguettes de la batterie, qui s'ajoutèrent à la mélodie.

Taipan chantait, assis sur une haute chaise, un peu comme celles que l'on trouve dans les pubs, bougeant au rythme de la chanson : tantôt penché sur le manche de sa guitare, tantôt la tête rejetée en arrière...

Sakura accentuait ce silence qu'elle qualifiait de lourd, puisque s'étant habituée à la musique que ce jeune homme produisait, quelques secondes auparavant. D'ailleurs, en le voyant la dévisager ainsi, n'agrémentant pas sur son visage la moindre émotion, ce qui sembla vexer quelque peu la jeune adolescente. Cependant, lorsqu'il lui demanda s'il pouvait continuer, elle sut d'avance qu'il ne lui demandait pas la permission, bien au contraire, mais elle ne s'empêcha pas de hocher lentement la tête en signe d'affirmation, ne se replongeant aucunement dans l'ombre, et laissant les rayons feutrés éclairer le coin de ses lèvres élargis en un sourire bien ironique, une once de fatigue se traçant tout de même sur ses traits...Elle resta alors de marbre, attendant silencieusement qu'il commence une nouvelle chanson qui allait probablement être dans le même répertoire que la précédente, c'est à dire brusque et rapide...

Alors ce fut quand il commença à chanter que sa propre expression d'ironie sembla disparaître, lentement, ne laissant sur son visage qu'un sourire faible, tandis qu'elle suivait la mélodie subitement devenue douce, le regard rivé sur ce jeune homme qui lui paraissait comme terriblement talentueux. Et bien en fait, elle s'était trompée, la jeune amnésique, et même elle commencait à s'avancer légèrement vers la scène où se trouvait le jeune musicien, ses yeux gris brillant de perplexité : elle était interéssée par ce chant mélodieux qui réussissait tant bien que mal à éteindre l'espace de quelques secondes la tristesse qui la brûlait, estompant les flammes qui consommaient son coeur mal cicatrisé. Et finalement, sans déranger, et sans dériver son regard du jeune homme, elle s'assit sur le bord de la scène, tout de même assez loin de lui, mais son sourire toujours accroché aux lèvres...